Virginie Despentes - Cher connard

Virginie DESPENTES - Cher connardChère Virginie, cela faisait bien longtemps et cela a été un plaisir de te lire à nouveau…
Intrigue: Oscar Jayack, écrivain en manque d'inspiration, publie des propos injurieux envers la célèbre actrice Rébecca Latté. Rebecca lui renvoie la balle aussitôt en le traitant de cher connard.
De cette incartade commence une relation épistolaire entre 2 êtres que tout semble opposer. Mais il y a bien des liens communs: d'une part Oscar l'a bien connue dans son enfance, elle était la meilleure copine de sa sœur Corinne. D'autre part, ils sont tout deux quinqua et déglingué par l'alcool et la drogue.

Tout deux ont bien du mal à gérer leur relations face aux média sociaux et cette relation épistolaire se mue peu à peu en amitié, et en réconfort, alors que la pandémie du Covid commence à s'abattre sur l'Europe. Ma note: ma note
Ma critique:...

Les remontées presse sur ce livre de Virginie Despentes sont à l'image de nos réseaux sociaux: tranchés et tranchants. C'est amusant comme la nuance n'existe plus en ce monde: on déteste ou on adore. Et les partis pris historiques biaisent tout jugement éclairés de nos critiques littéraires. Il y a donc tout ceux qui considèrent Virginie comme la lie de la littérature, n'ayant en tête que les propos trash de ses débuts. Pourtant, ce livre n'a vraiment rien de trash et ce roman épistolaire est très bien ficelé et traite de 2 sujets sensibles du moment: le mouvement #MeToo et les conséquences sur notre santé mentale face aux déferlements haineux des réseaux sociaux.

D'un simple tweet, Virigine Despentes imagine une relation épistolaire entre un écrivain en perte de vitesse, et une égérie borderline du cinéma français, genre une fusion de la sulfureuse d'une Béatrice Dalle et d'une Isabelle Huppert, sur laquelle le poids des années et des excès en tout genre se font ressentir. Lui, un écrivain en mal d'inspiration, tente de recoller les morceaux. Tout deux ont abusé de leur célébrité et abusé des drogues. L'autre lien: leur enfance où Rebecca, jeune ado rebelle, était la meilleure amie de la sœur du jeune Oscar.< br/> Au milieu de ce duo, Zoé, une jeune féministe radicale, qui a décidé de pourrir la vie de l'écrivain, en racontant l'harcèlement qu'elle a subie, alors qu'elle était son attaché de presse.

Virginie Despentes joue double jeu dans ce jeu à trois bandes en nous faisant apprécier ce petit écrivain, qui a tout oublié son comportement. Et face à lui, une grande gueule et surtout une véritable tête à claques. Il faut avouer que que sa vision du féminisme est édifiante. On a peu envie de la claquer. Ce n'est que vers la fin que l'on comprend mieux ses propos, même si je ne partage en aucun point sa vision du féminisme (d'ailleurs, à la lire, est-ce envisageable pour un homme de comprendre la cause féministe)
Quoiqu'il en soit, l'auteur nous rappelle qu'il y a encore du travail sur le harcèlement et sur la remise en cause des propos et attitudes plus ou moins machistes des hommes; Je l'avoue, j'ai eu un peu tendance à défendre ce pauvre Oscar face aux accusations de la petit Zoé, alors que je ne connaissais encore rien de leur relation passée. Elle nous savonne un peu la planche avec le caractère trop vindicatif de la jeune blogueuse, et se joue de nous pour nous rappeler que la vérité ne s'affirme pas.
Et que nous autres, hommes, males dominants, avons en nous cette malheureuse tendance à minorer, ou à excuser, les éventuels gestes et propos un peu lourdingue d'un copain, d'un collègue et mêmes d'hommes plus ou moins célèbre. Je ne sais ps si c'est cela est réellement lié à notre éducation. Il est clair que nous n'avons pas la même perception des règles du jeu de la séduction.

L'autre thème du livre porte sur nos addictions. et là on se croirait dans un univers franchouillard de Chuck Palahniuk, avec cette fascination des thérapies de groupe, où la captation de témoignages du malheur des gens devient l'une des drogues les plus branchés et les plus addictives. mais il est évident que ces moments de communion, où tout le monde se retrouve, est l'un des derniers remparts à la solitude de nos addictions.

Pour conclure, ce fût un plaisir de retrouver Virginie Despentes et ce discours de rédemption à plusieurs facettes.

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