Berceuse (2002)
Je l'avais interrompu pour lire le dernier Dantec, et je reviens sur cette nouvelle de Palahniuk, avec ses idées dérangées et ses délires de légendes urbaines.
Résumé: Quoi de plus inoffensif pour s'endormir qu'une berceuse tendrement lue le soir? Rien à voir avec la mort subite du nourrisson, génératrice des pires angoisses des parents penchés sur le souffle nocturne du nouveau-né.Le journaliste Carl Streator y verrait pourtant comme un lien, un je-ne-sais-quoi d'inexpliqué. Il y aurait un livre qui tue. Une comptine mortelle. En plein c?ur des États-Unis. Un recueil pour enfants constitué de poèmes... Carl Streator en parle à son patron, lui en lit un extrait... et le voit s'affaisser devant lui pour ne plus se réveiller.
L'enquête peut commencer. Aidé d'une agent immobilière, de sa secrétaire et du fiancé de celle-ci, ils sillonnent les Etats-Unis pour détruire les exemplaires d'un ouvrage de contes pour enfants qui contient une chanson d?élimination tuant ceux qui l?entendent. Et d'où vient cette comptine. Existerait-il un livre de sorcier capable des pires sortilèges?
Ma note:
Ma critique:
Ce que j'aime chez Palahniuk, c'est son goût immodéré pour les personnages barges, de dénonciation des tendances inavouables de nso sociétés contemporaines et ce besoin maladif d'exprimer la viralité de toute chose: des microbes, des idées, des pulsions, etc. C'est à chaque fois un univers différents haut en couleurs, un véritable voyage comme seul la littérature sait offrir.
Avec cette berceuse, c'est un road-movie auquel nous convie l'auteur de Fight-club. Nos héros parcourent les États-Unis pour détruire les exemplaires de cette comptine mortelle, et ainsi enrayer à jamais l'épidémie de la mort subite du nourrisson, mais l'histoire bascule vite sur le danger d'une telle connaissance et le pouvoir de ce "don" de pouvoir tuer des gens rien qu'avec la parole, voire la pensée. Et la quête de ces livres tournent vite au jeu de massacre: les bébés seront sauvés, mais tout ceux qui croiseront leur chemin ont toutes les chances de partir pour le grand sommeil. D'autant que cette quête les mène vers une autre quête: celle du "livre des ombres", le livre source des sorciers, celui qui contient tous les pouvoirs. Comme quoi, la tentation du pouvoir pervertit les ambitions pures...
Comme à son habitude, Chuck Palahniuk nous décrit des personnages plus ou moins normaux, qui côtoient des personnages qui ne le sont absolument pas. La délicieuse mante-religieuse qu'est l'agente immobilière est un vrai délice, sans parler de son assistante, au look hippie, qui souhaite devenir sorcière. Les 4 personnages parcourant le pays sont totalement invraisemblables et paradoxelement attachant; et puis il y a aussi le pote de journaliste, nécrophile à ses heures perdues, qui vous fera bien marrer jusqu'à la fin. L'auteur a le don de semer des graines de paranormal dans nso champs de réalité, et de jouer avec la viralité de toute chose, comme ce besoin existentiel pour la plupart des héros de ses livres, de créer des hoax de toute pièce pour qu'un jour ceux-ci, deviennent réalité, une peur collective concrète, et pas seulement une légende urbaine.
Comme lel dit si bien l'éditeur français des livres de Palahniuk: Palahniuk ne se résume pas, c'est déjanté, subversif et incroyablement lucide.
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