Choke de Chuck PALAHNIUK

Choke (2001)

Après avoir fortement apprécié "Peste" paru en ce début d'année, je me suis acheté la plupat de ses livres, et j'ai donc commencé par Choke, avant que le film sorte aux USA fin Septembre.
Résumé: Victor Mancini est figurant dans un "musée vivant", à "Dunsboro La coloniale", où le moindre anachronisme est puni par la mise au pilori avec suspension de salaire. Il est sexoolique, drogué du sexe en thérapie verbale, incapable d'aimer. Son meilleur ami se promène avec des cailloux enroulés dans des couvertures et sa mère, folle à lier, le ruine sans jamais reconnaître en lui le fils dont elle a ravagé l'enfance...
Pour quelles raisons ? Où se niche véritablement la folie? Pourquoi Victor continue-t-il de se faire vomir publiquement dans des restaurants chics et qui saura lui révéler l'incroyable secret de sa naissance?
Ma note:



Ma critique: Gallimard, l'éditeur des versions poches des livres de Palahniuk, définie son style en quatrième de couverture par: "Un livre de Palahniuk ne se résume pas, c'est déjanté, subversif et incroyablement lucide." C'est un peu réducteur mais les seuls mots qui me viennent à l'esprit pour décrire ce genre de livre sont justement ce genre d'adjectifs.
Voire: Anarchique
Voire: William Burroughsien
Voire: Incisif
Voire: Déroutant
Dès le début d'ailleurs, Chuck Palahniuk, tel André Gire dans ses "nourritures terrestres", nous invite à jeter son livre, à le refermer aussitôt et ne pas lire une ligne de plus pour ne pas être contaminé, sali, envenimé par sa prose. Mais ses adjonctions sont tellement brillantes que l'on lit ces lignes délirantes sur ce stupide petite enfant, trimballée aux quatre coins des Etats-Unis, par une mère totalement loufoque et irresponsable. Et ce stupide petit enfant que l'on découvre être le héros picaresque de ce livre, Victor Mancini.
L'univers de ce héros est invraisemblable et pourtant tellement crédible. Il baise à tout-bout-de-champs et il nous narre ses aventures sexuelles, comment il vit d'un petit boulot minable à son musée vivant; et comment il escroque les gens en les faisant passer pour des héros lors de ses faux "étouffements" en plein restaurants.
Ses aventures sont délirantes, écrits avec un style percutant inégalable et de dialogues à pisser de rire. Les conseils de sa mère, sa "man-man", sont dignes des plus grand complots foldingues de tous les temps. La palme revient à son copain, qui l'appelle à tout bout de champs "Coco". Inutile de dire que depuis ce livre, j'interpelle souvent mes collègues par "Coco, t'aurais pas tel truc, etc.".
Et puis, une fois passé le milieu du livre, et que l'on croit tout connaitre sur la vie de Victor, l'auteur installe le doute en nous: et si Victor était le fruit d'une expérience génétique, et si, et si, et si c'était le fils de... Palahniuk nous livre une véritable satire allégorique sur le besoin contemporain de reconnaissance, d'héroïsme et de célébrité facile, tel que nous le voyons dans les émissions de Real-TV.
Pour conclure, contrairement à ce que dit Gallimard, un livre de Palahniuk peut se résumer, mais c'est tellement déjanté qu'il ne faut pas le résumer. C'est à lire et à découvrir, mais évitez de le mettre entre toutes les mains. Palahniuk navigue à contre courant de la bienséance et dynamite noss fantasmes en s'appuyant sur ces fumeuses légendes urbaines. Je ne pense pas que les filles apprécient le style de Palahniuk, c'est masculin, avec un style direct, cru, limite ordurier et si vous n'accrochez pas à ce style dès les premiers paragraphe, passez votre chemin.

Info cinéma:
Choke vient d'être adapté au cinéma par Clark Gregg, avec comme rôle clé Sam Rockwell, Anjelica Huston et Kelly Macdonald. Le film a d'ailleurs reçu le prix spécial du jury au dernier festival de SunDance (2008). La sortie du film en France n'est pas encore définie.
Affaire à suivre, et film à voir!!!

Quelques liens:

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