The Invention of Sound de Chuck PALAHNIUK

The Invention of Sound (2020)

Chuck Palahniuk - Consider This, The invention of soundVoici la dernière nouvelle de Chuck Palahniuk, l'auteur culte de "Fight Club".

Intrigue: La fille de Gates Foster a disparu il y a près de 17 ans et il continue de la rechercher, en vain. Persuadé que sa fille a été enlevé par un réseau de pédophiles, il scrute le darkweb à sa recherche et croit la voir partout, et croit reconnaître à chaque coin de rue le sourire ou le regard d'un des pédophiles qu'il a vu la veille sur le net.
Un jour, à défaut de la voir, il l'entend, dans un film d'horreur. Ce cri plus vraie que nature, c'est bien à elle. Et ce cri l'a conduit à Mitzi Ives, ingénieur du son à Hollywood.

Mitzi Ives est également en quête: elle tente de parfaire l'oeuvre de son illustre père: créer le cri parfait, celui qui fait tressaillir de terreur tout ceux qui l'entendent... Et elle est à deux doigts de réussir: un cri d'effroi capable d'en génerer bien plus...

Ma note: ma note
Remarque: lu en anglais
Ma critique:...



Chuck Palahniuk revient à une écriture plus traditionnelle avec ce "Invention of Sound" même s'il reste dans son crédo: celui de la provocation. Et il commence fort en écoeurant son lecteur avec les découvertes de son héros sur le darkweb. C'est un premier punch qu'on prend, pas en pleine poire, mais dans le bas-ventre, car c'est effectivement un coup-bas, un peu facile et gratuit. Un peu dommage car cette nouvelle se repose sur une idée originale et géniale: celui de la recherche du cri ultime, le cri parfait. Un cri tellement effroyable qu'il vous pousse à crier et à décupler son effroyable puissance.

L'idée du livre est donc celle-ci et l'auteur américain va un peu trop vite en besogne pour nous conter cette histoire, avec le double prisme de ses héros.
D'un côté, le père qui recherche sa fille en vain et qui plonge dans la folie et une parano complotiste à la Qanon. Il croit voir en Monsieur Tout-le-Monde un monstre pédophile. La première scène est donc aussi drôle qu'embarassante, dans la pure lignée des oeuvres de l'auteur.
De l'autre côté, nous avons donc Mitzi, la digne fille du meilleur ingénieur du son de tous les temps, qui recherche à faire mieux que son père avec le cri d'effroi parfait.

Il y a un certain parallèle entre les 2 protagonistes et on comprend assez vite que ces 2 lignes directrices sont faites pour se croiser et se désintégrer l'une dans l'autre. Et comme à son habitude, l'écrivain en profite pour partir dans ses délires de légendes urbaines, de complots, des méfaits de la célébrité facile et de règlements de comptes entre classes sociales.
Chacun traverse son miroir de l'inconscient et se projette dans ce qu'ils refusent de voir. Gates Foster, tellement obnubilé par sa quête, plonge dans sa folie et incarne peu à peu tous les symptômes du prédateur sexuel et du kidnappeur. De l'autre, Mitzi s'élève et tente de comprendre les pulsions et les visions qu'elle a. On comprend clairement que son père avait une recette toute particulière pour générer de tels hurlements: celle de les provoquer en vrai en torturant ces victimes. L'écrivain joue un peu sur les exercices de styme pour savoir si l'héroïne fait de même. Elle est une sorte de Patrick Bateman (d'American Psycho de Bret Easton Ellis) au féminin mais un peu superficiel à mon gout. C'est en effet une nouvelle bien trop courte (240 pages) et j'aurai aimé bien plus de mystère sur la création de ces cris d'effroi.

Toujours est-il que l'idée de cette invention du cri parfait est une idée géniale. Chuck Palahniuk devance les attentes du lecteur en mettant assez tôt les répercussions du cri. Il crée le chaos bien plus tôt que prévu et saborde un peu trop son oeuvre. La collision entre les 2 personnages ne créent pas le chaos attendu; il est déjà là et du coup la fin du livre manque d'intensité. Il n'y a plus ce momentum, juste un brouahaha venant pertuber le message et l'idée original de l'auteur.
Bien dommage...

Références


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