Requiem for a Dream
Critique: La drogue est le produit idéal, la marchandise par excellence, issue du moule du monopole et de la possession. Nul besoin de boniments pour séduire l'acheteur; ce dernier est prêt à tout pour assouvir le mal qui lui ronge la nuque. Le dealer ne vend pas son produit au consommateur, il vend le consommateur à son produit. La drogue récèle la formule du virus diabolique, "l'algèbre du besoin": plus on en prend et moins on en a et corollairement, plus on en a et plus on en prend. Et le visage du Diable est toujours celui du Besoin absolu. La camé est un homme dévoré par ce besoin absolu de drogue, besoin qui ne peut être freiné et qui ne connait aucune limite: il vendra son âme et sera prêt aux pires bassesses. La drogue et son algèbre du besoinTotalement incapable de changer son comportement, le drogué rencontre parfois le mur blanc du manque, et quand l'essence même de ce besoin manque à l'appel, alors la peau se meurt, se fletri du manque de drogue, s'assèche d'avoir trop attendu, et l'ancienne peau finit par oublier sa fonction même de protection pour laisser apparaître la gangrène de la drogue. Le camé devient alors totalement vulnérable et sombre dans les affres du manque, dans un univers indescriptible...C'est cette plongée à laquelle nous convie Darren Aronofsky. Et ce par différents types de drogues: celle de la mère sous acide qui attend sous quart d'heure de gloire sur son petit écran, et celle de ces trois jeunes persuadés de conquérir le monde avec la drogue qu'ils dealent, alors que c'est cette même drogue qui les enfoncent tout droit au bout du circuit terminal de la drogue. Des artifices visuels et sonores aux effets opiacésComme à son habitude, Darren Aronofsky joue avec les bruits et les effets visuels. Il titille notre cerveau comme l'aiguille du camé fait avec la peau en recherchant la veine bienfaitrice. Les effets dont il abuse font très exercices de style (comme dans Pi) mais on y prend goût, il vend nos tics et nos frissons au service de son film et de la narration de l'histoire. Le mélange musical violons contemporains (du Kronos Quartet) et de musique techno nous plonge dans un univers de plus en plus malsain et paradoxalement, on finit par être accroc à ces rythmes saccadés. Seul les délires de la mère avec sa musique de foire nous rappelle à la triste réalité et gâche le rythme du film, mais là n'est-il pas le but du réalisateur de montrer que nous sommes déjà accrocs à ses images et à sa musique? A vous de juger. L'effet d'un shoot trop violentPeut-on juger et aimer un tel film?. J'en suis ressorti à la fois dégouté et fasciné (fascination morbide), incapable de dire si j'ai aimé ou détesté, comme un premier shoot un peu trop violent. C'est un film à voir, avec un esprit bien accroché. Les acteurs y sont excellents et la charmante Jennifer Connelly vous fera craquer (d'ailleurs, les bras m'en tombent...). NB: introduction de cette critique empruntée (et quelque peu modifiée) à William Seward Burroughs, le saint patron des camés de ce monde, d'ailleurs et de plus haut encore... Extrait: Bande annonce Autre(s) film(s) du réalisateur |