Peste de Chuck PALAHNIUK

Peste (2007)

Auteur du fameux "Fight Club" mis brillament en scène par David Fincher, Chuck Palahniuk est devenu un auteur culte, en basant ses récits sur une diatribe du monde moderne consumériste et sa haine contre l'amérique pudibonde.
Résumé: Dans un futur proche aux Etats-Unis où la principale avancée technologique est l'apparaition d'implant neuronal permettant de vivre les émotions des autres, la société est divisée en 2 parties bien distinctes celle des "diurnes" vivant le jour; celle des "nocturnes" vivant la nuit; afin de réguler les flux de population. Au beau milieu et venant d'un trou paumé, le bouseux Rant "Buster" Casey, qui est à l'origine de la plus grand épidémie meurtrière qui ravage le pays.
Au travers d'une biographie orale faite de rapports contradictoires émanant de témoins qui ont connu le mystérieux Buster de près ou de loin, on découvre peu à peu son histoire: sa passion pour les morsures et les animaux dangereux; son adolescence et ses premiers crimes et enfin la découverte d'une mode "underground" appelé le "crashing": jouer aux auto-tamponneuses avec de vraies voitures...
Ma note:




Ma critique: C'est le premier livre de Chuck Palahniuk que je lis et je ne suis pas déçu. Rien que l'idée de construire un roman basé sur un patchwork de déclarations me plaisait. Cela sort de l'ordinaire et puis je savais que les propos allait être subversif, et la trame de l'histoire ultra inventive. Comment dire... Palahniuk, c'est un peu le fils spirituel de William Burroughs et JG Ballard. Dans ce "peste" qu'on aurait dû appeler "rage", le personnage principal est le fruit de la copulation des "garçons sauvages" de Burroughts, et ce dans les voitures fracassées de "Crash" JG Ballard.
En effet, Rant est un personnage improbable. C'est un bouseux dont on ne sait rien mais sur lequel tout le monde s'accorde à donner son avis. Il est au coeur de toutes les rumeurs et sa vie semble être une légende urbaine. Ce que l'on sait, c'est qu'il est doté d'un métabolisme hors du commun: il dispose d'un odorat des plus fins, capable par un simple cunilingus de connaitre toutes la nourriture ingurgitée par sa compagne dans la semaine. Il résiste à toute forme de poison, vu que depuis sa plus tendre enfance, il aime se faire piquer par toute sorte d'insectes et autres animaux dangereux: c'est un virus ambulant. On découvre ainsi, progressant au grès des témoignages, son histoire. De ses découvertes juvéniles suicidaires qui ont fini par tuer bon nombre de son entourage, jusqu'à son arrivée en ville, où il devient un personnage populaire, contaminant peu à peu tout le monde. Mais il ne contamine pas les gens uniquement avec ses poisons, il véhicules aussi ses manies, ses lubies et ses idées loufoques, carrément virales, comme ces fameuses séances de "crashing".
Héros picaresque, c'est un bouseux de base de l'Amérique profonde qui devient un personnage mythique dans une Amérique marchant sur la tête: séparation de la population en diurnes et nocturnes, oisiveté cultuelle des gens grâce aux implants neuronaux permettant de vivre par procuration. Le futur de notre monde auquel nous invite Chuck Palahniuk est subversif, car il a bien compris une chose face aux mondes virtuels: les gens finiront par avoir la nostalgie des bonheurs et des petits tracas, d'où son invention jouissive de la mode du "crashing".
J'adore cette idée! Fallait l'inventer et il l'a fait. Le "crashing", c'est une sorte d'auto-tamponeuses avec de vraies voitures, où les adeptes du jeu s'identifient grâce à un élément posé sur leur toit. Selon la règle du jour, cela peut-être un mug, un sac à provision, un ours en peluche, un sapin, etc. Ensuite, les joueurs doivent provoquer un accident (entre eux uniquement) tout en restant dans des limites raisonnables de vitesse, et de politesse, pour ensuite faire connaissance lors du constat. Jeu totalement subversif, étant paradoxalement presque une adaptation du réel de "Grand Theft Auto", ce rituel auquel nous convie l'écrivain est jouissif. Avec toute cette série d'interviews, le culte auprès de Rant se développe, devient difforme,irréel et légendaire.
Le récit de son histoire est également ponctué par une multitide de petites anecdotes. Il revisite également bon nombres de légendes urbaines en les rapportant à son héros.Quelle inventivité dans ces délires, c'est à chaque fois avec le rictus au lèvre qu'on se délecte de ces histoires, dans l'histoire.
Le dernier quart du livre part un peu dans tous les sens, tel un roman de Burroughs, entre voyage dans le temps, analyses psychologiques et inepties littéraires, on perd un peu pied car l'écrivain souhaite que son lecteur invente sa propre vérité sur l'existence de Rant 'Buster' Casey. Il cherche à nous faire prendre pied afin que l'on créée sa propre bulle itérative, pleine de complots et de fausses vérités.

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