Dead Men's Trousers de Irvine WELSH

Dead Men's Trousers (2018)

Irvine Welsh - Dead men's trousers

Les héros de Trainspotting sont de retour: une collison amicale de haute volée suite à la trahison de Mark Renton, 20 ans plus tôt et l'amertume de l'échec de Porno (Trainspotting 2).

Résumé: Mark Renton a enfin réussi. Il est le manager de DJ à la mode et parcours le monde, de boite en boite de nuit. Dans un avion, il croise Begbie, qui lui aussi connait le succès en étant devenu un artiste peintre/sculpteur à la mode. Begbie semble métamorphosé, calme, posé et heureux de retrouver son copain d'enfance. Ces retrouvailles les mènent vers Sick-Boy, gérant d'une agence d'Escort girls et de Spud, qui vit d'expédiant dans les rues d'Edimbourg.
Suite à une mauvaise blague de Sick-Boy envers son beau-frère, les voilà embarqués dans une sordide affaire où les petites trahisons refont peu à peu surface et pourrait coûter la vie à l'un d'entre eux.

Remarque: lu en anglais et en écossais
Ma note: ma note
Ma critique:



5 ans après le préquel Skagboys, Irvine Welsh remet ses héros de Trainspotting sur le papier et envoie son héros Mark Renton en ange rédempteur, venu effacer son crime de trahison envers ses amis d'enfance.
Comme à son habitude, Irvine Welsh écrit en phonétique pour souligner l'importance de l'accent écossais, ainsi que le milieu et l'état d'esprit dans lequel se trouve ses personnages. C'est toutefois le moins marqué de la saga par son style phonétique, même si ce style s'amplifie au fur et à mesure que l'interaction entre Renton, Sick-Boy, Begbie et Spud s'accroit. Pour attaquer ce livre dans la langue originale, il vous faut d'une part, connaître bon nombre de mots d'argots (voir ce fameux site English slang and colloquialisms used in the United Kingdom, d'autre part lire à haute voix certains passages pour comprendre leur phonétique et le retraduire en vrai mots. Enfin, il est nécessaire de connaître les faux-amis écossais "ken = know (et non "can")"; "ays = moi (et non "us")".

En parlant de faux-amis, Sick-Boy & Begbie en sont des purs: jusqu'à la fin du livre, leurs aspects sociopathes nous laissent dans l'expectative d'une fin destructrice. D'autant plus que le quatrième de couverture nous laisse présager la mort de l'un d'entre eux. C'est un pari gagné car il nous laisse entrevoir des pistes qu'on n'imaginerait guère: le voile de la mort plane sur leurs têtes et on ne sait quelle sera la victime. A un moment donné, une fois la victime tombée au sol, on se demande même si l'auteur n'aurait pas caché la forêt en nous montrant un arbre. Et s'il y en avait plus? Et si le train de vie destructeur de ces ex-junkies n'est-il pas arrivé à son terminus, et qu'il est temps de faire le compte de ceux qui ont passés et trépassés.
C'est ce que vous découvrirez en lisant cette histoire de nos 4 écossais devenus adultes et pas encore tout à fait responsables.

Renton est donc en phase de rédemption. Il a réussi dans le monde de la musique en étant le manager de DJ les plus en vus des Dance-floors et il souhaite rembourser ses amis, qu'il a trahi il y a de cela plus de 20 ans, sachant qu'il va devoir rencontrer son violent ami psychopathe Begbie, et le fourbe Sick-Boy.
Contre toute attente, Begbie a littéralement changé, comme cela est raconté dans 'The Blade Artist'. Devenu riche et célèbre avec ses peintures et sculptures, Renton n'y croit pas ses yeux et se méfie d'une vengeance sournoise à long-terme. Et Begbie a en effet bien changé, même si quelques pulsions sous-jacentes et virulentes font des soubresauts dans ce quatrième tome et nous laisse alerte sur un éventuel coup de tête fratricide.
Comme sur 'Porno' (Trainspotting 2), c'est SickBoy qui est à l'origine du dérapage de cette histoire de retrouvailles. Manipulateur, fantasque et homme à femmes, il pousse son beau-frère à la débauche et par cet incident adultérin tout un univers vacille et tel dans un jeu de quilles, les pièces tombent une à une sur leurs proches, puis Spud, Renton et Begbie.
Spud le naïf reste quant à lui toujours le plus difficile à déchiffrer (dans le texte) mais le plus lisible dans ses intentions, vu qu'il n'en a aucune et que ses amis d'enfances reste ses amis, quoiqu'ils fassent, avec, sans ou contre lui. Il garde cet âme d'enfant et il est le joint invisible qui unit cette bande de garnements.

Le style de l'auteur a également bien muri. C'est moins bordélique et mieux construit. On regrettera cette retenue dans la décadence et le désastreux: la virée de Spud en Europe aurait pu être bien plus rocambolesque, tout comme le périple sexuel du beau-frère. Ce "Dead men's trousers" est donc moins virulent, moins corrosif mais nettement plus attachant et raisonné. Ses personnages sont enfin arrivés à l'âge de raison, où ils doivent enfin prendre leur responsabilité, nettoyer leur passif, quitte à perdre la culotte, ou pire, ne plus avoir le choix entre la vie ou la mort. Sauront ils retenir le credo de Mark Renton: Choose life?!?

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