28 semaines plus tard
Critique: Les suites de film où débarquent les GI's avec leurs gros bras musclés font souvent place nette qu'à un seul mot d'ordre: "shoot'em up & kill'em all": bref de l'action, du sang et de l'action. Ni zombies, ni shoot'em upEt avant d'être un film de Shoot'en up et de zombies, c'est avant tout un film d'ambiance, ou durant près d'une demi-heure, Juan Carlos Fresnadillo nous distille l'impression d'une terreur passée, qui a tout dévastée, et qui continue de demeurer dans toutes les têtes des protagonistes.Même s'il entame le film de manière forte, en nous plongeant dans l'effroi, à la façon de "la colline a des yeux" d'Aja. La caméra du réalisateur ne dévoile pas dans les premiers instants les zombies affamés de chaires fraîches, et se concentre surtout sur la peur et la détresse des pauvres rescapés cachés cette demeure de campagne. Ce début est un très grand moment de cinéma, on sursaute, la terreur s'installe puis notre coeur s'arrête nette face à la décision de Don (Robert Carlyle). Puis il s'emballe à nouveau, avec la même cadence que la course du pauvre Don fuyant les zombies, et ce sous la musique exceptionnelle de John Murphy. Et puis on se retrouve près de 28 semaines plus tard, avec un Londres dévasté en re-conquête, dans un calme apparent. Londres, premier rôleQuelle ambiance! Quel spectacle de voir ce Londres déserté, dévasté et à peine en reconstruction, où le monde de ces pionniers du renouveau est totalement aseptisé, en opposition totale au vieux Londres, décrépis, remplis de squelettes et de restes humains, morts du virus ayant fait rage 28 semaines plus tôt. Cette vision du Londres me fait penser au livre de James Herbert "48", dans lequel il imaginait un Londres dépeuplé suite aux missiles V2 d'Hitler remplis d'arme chimique ayant tué tous les êtres n'étant pas du groupe sanguin "0-", groupe le plus rare. Et dans lequel les quelques survivants tentaient de nettoyer peu à peu chaque quartier. Cela ne m'étonnerait pas que Juan Carlos Fresnadillo ait lu ce livre, car la scène du métro est fort ressemblante, ainsi que la scène finale quasi identique: celle du stade de Wembley et le départ vers la France!Mais revenons au film. Donc, comme je le disais, avant d'être un film de zombies, le réalisateur espagnol a d'abord installé une ambiance pesante et glauque, avec une photographie aseptisée et esthétisante (pour le nouveau Londres), des acteurs avec le visage fermé dévoilant un malaise à tout jamais marqué par ce fléau. Une société détruite de l'intérieur qui ne tient plus qu'à un fil, celui de l'armée qui épie plus la population dans ses moindres faits et gestes que d'éventuels menaces venant de l'extérieur. Une bande son au service de la frousseCette ambiance est aussi magistralement mise en place par à une des meilleures bandes sons que je connaisse! Déjà , rien que le morceau d'introduction avec la fuite de Robert Carlyle est magistrale: cela sonne un peu comme le "Auto-rock" de Mogwai mais en 10 fois mieux!!! (c'est le morceaux que je propose en écoute ci-dessous). Ces compositions ont un aspect mélancolique ponctués de rythmes un peu à la façon de John Carpenter, distillant une crainte indicible, sans parler des morceaux syncopés lors des attaques des mutants. Cette bande sonore est vraiment envoutante et prenante. Elle contribue pleinement à la réussite de ce film.Je ne m'attarderai pas sur les scènes d'actions et d'horreur. Elles ne sont pas là pour vous faire sursauter, non. Elles sont pour vous mettre dans un état de panique, de peur constante et d'oppression totale, comme cette scène dantesque dans le métro, qui rappelle aussi "The Descent". Et le côté hollywoodien "shoot'em up & kill'em all" que je craignais est respecté à la LETTRE! Mais à la différence que c'est un détournement de scénario hautement intellectuel: vous voulez du sang et de l'action, et bien vous en aurez, jusqu'à plus soif! Un film gore aussi intelligent que celui-là , je n'en avais pas vu depuis John Carpenter avec son "The Thing". Extrait: Bande annonce Autre(s) film(s) du réalisateur |