La cité de Dieu
Critique: "Happiness is a warm gun" chantaient les Beatles... comme si on pouvait comparer une quelconque joie lorsqu'on tire un coup. Et bien, "La cité de Dieu" repose sur cette forte image: la poudre, le sang, la sueur sont les ingrédients de la jouissance brésilienne. Le choc du recul de la gâchetteIl vaut mieux être avertis avant de se lancer dans ce film, car il vous faudra regarder cette cité de Dieu avec un certain recul, car à première vue, ce film est une véritable apologie de la violence, ni plus ni moins. Mais il faut savoir aller au-delà des images, et vous n'en ressortirez pas indemne, partagé et piégé dans le sentiment incertain du dégout et de la fascination pour cette histoire. Un choc culturelA la vue des bravades morbides de ces jeunes, on est tout d'abord proche du rejet total, on voudrait les voir éradiquer de ce compte malsain des temps modernes (et de notre société), mais quand leur heure arrive (à grands coups de balles), on se sent finalement dégouté, triste de savoir qu'ils n'ont eu jamais eu la moindre chance de s'en sortir.Et la relève va tellement vite, que l'on oublie vite les morts, et qu'il y a toujours un pire gamin pour remplacer son défunt confrère. Le réalisateur ne tombe jamais dans le piège de l'empathie envers ces jeunes, bien au contraire, il montre ces sales gamins sans aucune complaisance, avec leurs excès et leur non conscience des règles qu'ils bafouent à chaque pas. Ces microbes sans foi ni loi dégagent paradoxalement une rage de vivre exaltante, jubilatoire, et ceci malgré leurs lendemains incertains. Ils vivent chaque moment comme si c'était le dernier, avec le sourire aux lèvres, en cherchant toujours plus d'adrénaline dans cette existence de drogue, de sexe, de sang et de feu. Cette joie de vie paradoxale est accentuée par une mise en scène irréprochable, qui fait penser aux plus belles heures de Tarantino, de Guy Ritchie et de Martin Scorsese, avec ces 3 histoires qui s'entremêlent, les apparitions furtives de personnages déjantés, et les incessants flashbacks. Le choc d'une sagaIl faut dire que Fernando Meirelles et Katia Lund ont accompli un véritable tour de force en comptant l'histoire d'une favela brésilienne sur près de 30 ans, sans jamais perdre le spectateur avec cette multitude de visages, de couleurs et d'explosions. Certes, il faut avouer que c'est l'adaptation d'un roman fleuve (écrit avec le sang de ces garçons sauvages), qui a fait coulé beaucoup d'encre au Brésil. Entre documentaire et film d'actions avec de très jolis effets de caméras, les 2 réalisateurs comptent cette généalogie de la violence sous différents angles et approches, liés à chaque époque de l'histoire. On va donc de couleurs vives, parfois criardes mais de plus en plus chiadée, travaillée. Ainsi, les années soixante baignent dans des images chaudes et colorées, suivis des patchs multicolores et des paillettes des années 70, pour finir dans une ambiance neutre, métallique et austère des années 80.Le style est donc dur, percutant et spontané, avec un souci de sincérité et d'exaltation de la violence pour ces jeunes prêt à tout pour s'en sortir (les pieds devant) avec les honneurs. Un exaltation sans le moindre espoirQue dire de plus sur ce film, et bien, c'est qu'à ce jour, je ne sais toujours pas ci ce film est à considérer comme un chef d’œuvre, tant il est lié aux racines du mal de ce monde en perte de repères, de règles. Il est nécessaire de garder un certain sang froid, un recul certain et de ne pas s'emballer sur la vie exaltante des ces jeunes sans avenir, sans opportunité aucune d'apporter le moindre bien à ce monde en pure détresse.Extrait: La mort de Ze Pequenio Autre(s) film(s) du réalisateur |