Lost Highway
Critique: Comment raconter et donner son avis sur "Lost Highway" et surtout comment savoir si on a vu juste des les propos troubles et enfumés du réalisateur?!? Et bien parfois, il faut juste accepter de comprendre que quelque chose nous échappe. C'est le principe de l'Art: on ne demande pas à nous expliquer le pourquoi du comment d'un tableau de Picasso, de Dali, de Kandisky ou d'un artiste moderne. On adhère ou on n'adhère pas; on aime ou on n'aime pas. Et moi "Lost Highway", j'adore. Pour vous donner une vision simplifiée (et sans doute un peu erronée) du synopsis, "Lost Highway" raconte l'histoire de deux hommes schizophrènes, le musicien Fred Madison et le jeune mécanicien Pete Dayton. Ils partagent tous les deux le même personnage schizophrène (l'inquiétant homme mystère); et celui-ci a le don de transformer l'un en l'autre, et l'autre en l'un. Quoiqu'il en soit le vrai mot de l'histoire, David Lynch nous plonge dans une dualité des plus étranges: Renée (brune) est la version en mode négatif d'Alice (blonde). Fred vit la nuit alors que Pete travaille le jour, ainsi de suite. On cherche des repères spatiaux et temporels, mais comme l'homme mystère a ce don d'ubiquité, il a le don de changer le temps de la narration, et de nous faire perdre la tête. C'est donc ce qui est merveilleux dans les films de David Lynch, on peut élaborer une explication hyper-raisonnée, sans qu'elle puisse tenir face à n'importe quel argument choc: la vérité est là , mais ailleurs… L'autre personnage qu'il ne faut pas omettre dans ce film est sa bande originale. Elle est intrinsèque au film: la bande sonore fait incontestablement partie intégrante du film. Ce n'est pas juste un collage de chansons sans rapport avec l'une ou l'autre. En fait, le cinéaste était dans sa phase métal industriel: il écoutait en boucle les albums de Rammstein ("Herzeleid", 1995), Nine Inch Nails ("The Donward Spiral",1994) Marylin Manson ("Smell like Children", 1995) et David Bowie, ("1. Outside, 1995"). C'est ainsi qu'il a demandé à ces 4 artistes de reprendre ou de lui écrire des chansons pour le film. Il a également demander à son compositeur attitré, Angelo Badalamenti, de travailler avec Barry Adamson et Trent Reznor pour que chacun travaille sur des ambiances ou des personnages. Angelo Badalamenti s'occupant de la présentation des personnages, Barry Adamson pour leur mise en relation et leur aspect sociaux, et enfin Trent Reznor pour incarner leur folie, leur schizophrénie. La scène introductive sur ligne jaune de la route avec la musique de Bowie démontre d'emblée l'univers multidimensionnel dans lequel on avance: la voix de Bowie apparait peu à peu partout. Preuve encore qu'il faut voir et écouter un film dans de bonnes conditions, pour mieux comprendre un film. Et chaque chanson apporte sa touche de mystère ou de magie et elles ont permis au réalisateur des mises en scène somptueuses. La plus belle est celle de l'apparition de Patricia Arquette en blonde; sortant de la limousine. Je n'aime guère Lou Reed, mais là , faut avouer, jamais une chanson n'a été aussi bien sublimée, et jamais une scène n'a été si bien ambiancée. Pour conclure, rares sont les films où la bande son m'a autant marqué tout le long du film, surtout avec une bande son à première vue très hétéroclite. Mais ce disque n'est pas juste une compilation pour faire vendre, c'est plus qu'un disque, les deux forment un tout, et musicalement, c'est également un chef d'Å“uvre, comme je vous le chronique ici. Extrait: 6 trucs à savoir sur le film Autre(s) film(s) du réalisateur |