Dune
Critique: Le "Dune" de David Lynch ne fait pas l'unanimité parmi les fans purs et durs de la saga de l'écrivain Franck Herbert. En effet, résumer une telle œuvre est une véritable gageure, tant la multitude des personnages et l'univers imaginaire de cette épopée sidérale est à milles lieux de la simplicité manichéenne des Star Wars. Réaliser "Dune", c'est un peu si vous vouliez mettre en image "le seigneur des anneaux" en 1H30! Pourtant, la réalisation de "Dune" faite par David Lynch mérite que l'on s'attarde dessus. Une genèse grâce à JodorowskyAvant que David Lynch ne s'attaque à Dune, c'est tout d'abord le fantasque Alejandro Jodorowsky qui a bâti l'adaptation, avec l'aide de Moebius (Jean Giroud) pour en faire le story-board. Le projet échoua en 1976, fautes de moyens (le film allait durer 10H!) mais il permis d'ouvrir de nouveaux horizons dans la retranscription de l’œuvre et surtout de nouvelles méthodes dans les effets-spéciaux (Giger qui également collaboré au projet initial lui permis de créer sa première ébauche de son "Alien"). Pour gagner du temps dans la découverte des personnages et de leur complexité psychologique, David Lynch a pris le pari d'utiliser la voix off, voix off émanant pour la plupart des temps des personnages principaux, afin de nous impliquer plus facilement dans les méandres politiques et les luttes de pouvoir entre les différentes dynasties interstellaires. Une distribution typique de LynchLa distribution des rôles est typiquement lynchienne: des acteurs fétiches, d'autres sobres, des gueules et une star de la musique. Kyle Mac Lachlan s'en sort bien, malgré son rôle difficile, entre jouer le jeune prince déraciné en quête de vérité, et devenir l'élu d'un peuple de l'ombre. Mais ce sont pour une fois les méchants qui ont les plus beaux rôles, ou du moins des rôles les plus imagés et qui s'en sortent le mieux, et en tout premier lieu Sting, qui a un rôle très décalé, voire casse-gueule vu son rôle de bâtard cynique. La première fois que j'ai vu sa prestation, j'ai été déçu, ce n'est que maintenant que j'apprécie son incarnation de la haine héréditaire fomenté par son père.
Pour revenir à Lynch, "Dune" permet de mieux comprendre le décalage qui existe entre certains réalisateurs. Pour certains, comme Georges Lucas pour ne pas le nommer, un film est un prétexte à en mettre plein la vue aux spectateurs avec une tonne d'effets spéciaux. Pour d'autres, un film est une fenêtre sur une histoire et l’interaction de celle-ci sur la conscience des personnages principaux. David Lynch a été trop visionnaire, et a été obligé de subir la loi des studios. Il a créé son Å“uvre une décennie trop tôt, où le public n'était pas encore prêt à rester plus de 2H30, encore moins à suivre cette épopée en 2 ou 3 épisodes; pari que Peter Jackson ou Quentin Tarantino n'ont pas hésité à prendre, 20 ans plus tard. Interview de David Lynch sur DuneAutre(s) film(s) du réalisateur |