Un prophète
Critique: Dure réalité que la prison. Jacques Audiard n'a pas fait dans la dentelle, ni dans le facile. Il a tenté d'apporter une vue objective sur la prison, qui n'est ni un monde d'anges, ni un enfer au quotidien. Un monde darwinien résolument sordide où la moindre faiblesse est exploitée par les meutes de truands et de petites frappes. Une ascension sociale en milieu carcéralBizarrement, ce huis clos carcérale raconte l’ascension sociale du jeune Malik dans cette société. Il arrive seul, démuni, ne sachant ni lire ni écrire, il est sans connaissance, ni à l'extérieur et encore moins à l'intérieur. Et pourtant, il va s'en sortir, en étant malmené par un parrain corse intraitable, qui voit en lui la victime idéale: un esclave. De ce dure apprentissage de la vie, on ne voit pas passer le temps (2H30) car la mise en scène est menée de main de maître. Atmosphère étouffante avec l'univers gris et sale de la prison, des murs et barreaux omniprésents, il y a pourtant une liberté qui se dégage de ces êtres. Ils gardent un pouvoir et une aura sur l'extérieur. C'est assez surprenant et les rares et éphémères sorties du jeune Malik procurent de véritables montées d'adrénalines. Jacques Audiard donne ce sentiment étrange que l'intérieur de la prison est plus sécurisant, moins dangereux. Ou du moins, plus simple à comprendre. 2 grands acteursCe film est aussi époustouflant par la prestation de ses principaux acteurs. Niels Arestrup est tout simplement ENORME! Son césar du meilleur second rôle aurait mérité celui du comme meilleur acteur, mais bon, que dire de Tahar Rahim, qui lui aussi le méritait. La prestation de Niels Arestrup est un exemple du genre sur le pouvoir par la parole, le silence et surtout le regard, une force d'assertivité exemplaire dans ses silences, et une furie explosive dans ses moments de colères. Il nous sort des répliques que tout acteur aimerait jouer (le "mais c'est quoi ces bonnes nouvelles là !"), il incarne désormais le grand méchant du cinéma français. Face à lui, le jeune Tahar Rahim est tout autant impressionnant dans l'humilité. Avec sa gueule cassée, il nous surprend pas à pas et nous sommes heureux du dénouement. Et même s'il est loin d'être un ange, il est toujours réconfortant de voir que c'est un méchant s'en prend à de plus méchant que lui; et c'est là aussi une récurrence du cinéma d'Audiard: rendre beau et humain des êtres qui, à première vue, n'en mérite plus la peine. Extrait: Bande annonce Autre(s) film(s) du réalisateur |