Blackjazz de SHINING

Blackjazz (2010)  

Les norvégiens de Shining, à ne pas confondre avec les suédois du même nom, font tous les 2 du métal, ce qui entraine beaucoup d'équivoque. Les suédois font un black-métal assez uniforme alors que les norvégiens sont dans une approche nettement plus avant-gardistes, très inspirés par le Jazz-métal, qu'ils appellent justement "Blackjazz", donnant le nom à cet album.
C'est leur cinquième album et le troisième dans ce son extrême. A l'origine, c'était un groupe de jazz électro teinté de Hip-hop. Jørgen Munkeby, saxophoniste de formation, a été un des membres influents du collectif JagaJazzist avant de créer son groupe. Désirant évoluer vers d'autre son, inspiré par ses confrères de Motorspycho, il s'est ainsi mis à la guitare et s'est lancé dans un jazz-rock plus soutenu, avec une approche assez industrielle et martiale, exploré peu à peu dans "In the Kingdom of Kitsch You Will Be a Monster (2005)" et "Grindstone (2007)", avant de délivrer un véritable OVNI musical; un album totalement avant-gardiste et extrême.

Et attention, ce "Blackjazz" est un album qui ne vous laissera aucun répit. C'est un peu comme si vous vous retrouviez au beau milieu dans un champ de mines. A chaque couplet, break ou refrain, des mines musicales très variées vous sautent à la gueule.
Face à ce métal extrême, il y a peu de chance que vous n'en sortiez vivant: va falloir faire le plein d'extra-life car à chaque fois que vous penserez reprendre le dessus, Shining vous démontera la gueule à la force d'un Terminator "Next Génération". Et fort heureusement, ce n'est que de la musique, et vous allez pouvoir y replonger autant que vous le voulez pour comprendre et décrypter l'ADN de cette musique.

A chaque écoute, je me répète "mais putain où ils vont!!!"; ils ne cessent de déstructurer tout souffle de mélodie qui passent par leurs instruments. Quand je parle de déstructuration, je n'entends pas par là un maelström sonore indigeste et incohérent. Non, leur musique est d'une logique implacable: c'est en fait une déconstruction méthodique de toute mélodie. Ils analysent, dissectent, décomposent et cisèlent l'ADN du rythme musical avec le scalpel d'un métal encore inconnu à ce jour.

Certaines mélodies, ou approchent musicales, rappelleront les sulfureux albums "broken" et "fixed" de NINE INCH NAILS. Il faut dire que l'influence de Sean Beavan (ancien de Nine Inch Nails) y joue pour beaucoup. "Exit Sun" rappellera également le morceau Hysteria de Muse, sur lequel SHINING a justement samplé le riff de basse pour faire ce monstrueux morceau. Le deuxième rappel d'Exit Sun vous apportera un peu de douceur mais sa tension montant vous mettra encore plus à cran sur le morceau suivant: "Healter Skelter", du jazz destructuré et recomposé en métal hardcore.
L'album se termine par une apothéose, une reprise du cultissime morceau de King Crimson, comme si ces norvégiens avaient besoin de démontrer leur immense talent.

Informations sur l'album:

• La Track-list:
  1. The Madness and the Damage Done – 5:20
  2. Fisheye – 5:08
  3. Exit Sun – 8:36
  4. Exit Sun – 0:57
  5. HEALTER SKELTER – 5:35
  6. The Madness and the Damage Done – 3:24
  7. Blackjazz Deathtrance – 10:52
  8. Omen – 8:46
  9. 21st Century Schizoid Man – 8:41
• Musiciens:
  • Chant, Guitares et Saxophone: Jørgen Munkeby
  • Guitares: Even Helte Hermansen
  • Basse: Tor Egil Kreken
  • Claviers: Bernt Moen
  • Batterie: Torstein Lofthus
  • Guests: Grutle Kjellson (Enslaved) et Sean Beavan
• Edition:
  • Sortie le: 18 janvier 2010
  • Produit par: Jørgen Munkeby
  • Sur le label: Indie Recordings
• Genre: BlackJazz métal
• Site officiel: http://www.shining.no/
• Spotify : Blackjazz
• Le meilleur titre: Exit Sun
• Extrait en écoute: