MARILLION
Fugazi (1984) Après avoir sonné un peu trop Genesis (version Peter Gabriel), le deuxième album de Marillion s'est vu clairement catalogué comme "Hard-rock". D'une part à cause de son premier single percutant "Assassing", et d'autre part d'un son moins alambiqué et plus tranchant. Il faut également ajouter une pochette très visuelle, rivalisant avec les pochettes du genre. Après les quelques faiblesses du premier album d'un rock progressif trop prononcé, ce "Fugazi" aborde le rock progressif de manière plus directe, dans son rythme, et de manière plus sophistiquée, dans son architecture. A l'origine, Fish espérait embarquer une chanteuse (assez célèbre, selon la biographie du groupe) sur 2 ou 3 chansons, mais celle-ci refusa. Du coup, Fish adapta son chant en conséquence. Avec des textes puissants et parfois psychédéliques (le début de Fugazi). c'est surtout que sa plume s'est aiguisé de manière bien plus insidieuse: fini le temps du bouffon solitaire, en quête d'un succès vain et du regard impossible à capter auprès de sa princesse. Les tourments sentimentaux que nous propose Fish sont désormais bien plus complexes et imbriqués dans une relation fusionnelle où il est difficile de démêler du vrai du faux, du fantasme de l'obsession. Il suffit de relire les paroles de "Incubus": après une entame théâtrale, Fish nous subjugue dans la deuxième partie du morceau (à partir de "You can brush me under the carpet, hide me under the stairs… " extrait à écouter + bas), avec la justesse de ses mots, le timbre de sa voix, et le musique parfaite pour mettre en avant cette détresse émotionnelle. Et c'est sur ce genre de morceau que l'on comprend mieux l'alchimie "Marillion". Leur réussite réside dans la parfaite adéquation d'un chant devant trouver sa place sur des compositions sophistiqués; ou l'inverse, d'adapter une musique sur des paroles très élaborées. Comme le montrera par la suite la séparation de Fish avec le reste du groupe, ils ne retrouveront jamais cette symbiose. D'un côté, sur les albums solo de Fish, son chant sera moins recherché du fait de la linéarité de ses compositions. Et de l'autre, Steve Rothery et ses compères s'étaleront dans leur compositions pour satisfaire un chant linéaire. Il leur manque cette étincelle créatrice, cette friction des émotions, cette flamme incantatoire pour arriver à placer le mot juste, et celle de répondre musicalement à la puissance des mots (et des maux) du géant écossais. NB:A noter que le nom de l'album "FUGAZI" vient d'un néologisme de l'armée américaine lors de la guerre du Vietnam, signifiant une situation foutue suite à une embuscade. L'origine serait italienne désignant l'ancêtre de la mine anti-personnelle ("Fougasse") et du terme militaire "FUBAR" (Fucked Up Beyond All Recognition) pour désigner un véritable merdier, donnant ainsi l'acronyme FUGAZI pour "Fucked Up, Got Ambushed, Zipped In" pour indiquer que tout est foutu et sans espoir (plus précisément: Foutu, tombé dans un embûche et à finir mort dans un bodybag). Informations sur l'album:
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