5 avant Jonathan Demme et son Silence des Agneaux, et plus de 15 avant "Dragon Rouge", c'est Michael Mann, juste après qu'il se soit fait mondialement connaître avec la série super stylisée "Miami Vice", qui est le premier à mettre en avant un vrai serial-killer: Hannibal Lecter, mais surtout un profiler.

Le profiler, un nouveau type de héros

Pourquoi le titre "Le sixième sens" (à ne pas confondre avec celui de Night Shamalyan), alors que le titre original est Manhunter (chasseur d'homme): tout simplement parce qu'avant, aucun film n'avait traité le rôle de profiler, ce chasseur de serial-killer. En effet, jusqu'au milieu des années 80, les serial killers étaient pour la plupart de jeunes décérébrés (les "Halloweens", les "Freddy" et autres "Vendredi 13") ou juste des personnages secondaires destinés à mettre en avant au maximum le héros, le bon flic avec son gros flingue (les Dirty Harry). La distribution française a donc voulu mettre en avant le côté psychologique de ce don et ainsi exprimer un tout nouveau type de de héros.
Grâce à l’œuvre de Thomas Harris, l'auteur de la fameuse trilogie sur Hannibal Lecter, Michael Mann a su présenter aux yeux du public le quotidien du Profiler, quelqu'un d'à peu près censé qui se met dans la tête des assassins pour comprendre leurs profondes pulsions. La présentation faite par Michael Mann de ce genre de nouveau héros fait aujourd'hui sourire car dans ce sixième sens, il n'hésite pas à le faire parler tout seul, en monologue d’auto-persuasion pour bien montrer qu'il se met à revivre les pulsions du criminel recherché. De plus, le film a mal vieilli, le look très 80 du film en pâtit mais le stylisme et le symbolisme du réalisateur apporte une touche particulière à ce film, le rendant ainsi presque un film culte (il l'est pour moi!).

Tous les sens en action

Sixième sens développe dans tous les sens du terme (surtout pour le tueur ;-) l'approche psychologique des personnages en les confrontant à leur milieu, et ceci grâce à un style visuel très prononcé et typique de Michael Mann. Hannibal Lecter y est montré comme un monstre froid, très antipathique, sans fascination aucune vivant dans une cellule blanche immaculée symbolisant l'extrême pureté de son intelligence et de sa folie. L'agent Graham est montré quant à lui en rupture avec l'architecture rigide et moderne de la ville, ne trouvant qu'un bien être uniquement dans la lumière bleutée de la nuit, refuge et nid douillet du tueur.

2 acteurs qui auraient mérité plus

Le tueur quant à lui, et joué à merveille par Tom Noonan. Son grand physique ingrat et très proche du personnage décrit dans le livre original. Sa composition est impeccable. Quant à William Petersen, je regrette qu'il n'est pas fait plus de films car avec ce film et le formidable "Vivre et mourir à Los Angeles" de William Friedkin, il joue à merveille le flic tenace et incorruptible... Il s'est bien rattrapé avec la série "Les Expert / SCI - Crime Scene Investigation".
Pour conclure, j'invite tous ceux qui adorent les thrillers à regarder et à méditer sur ce film. Car sans les innovations apportées par Michael Mann, très peu de films auraient vu le jour et les serials killers seraient restés des gens banals...