LIVING COLOUR
Stain (1993) Les Living Colour, ces blacks qui font du rock et brisent les codes et les clichés du genre, ont toujours été au croisement de toutes les musiques: funk, métal, blues, punk mais aussi tout ce qui touche à la musique noir: soul, jazz, hi-hop mais aussi musiques afro-cubaines et même africaines (Mali, Sénégal et Côte d'ivoire quand ils invitent d'ailleurs d'illustres musiciens issus de ces pays lors de leurs concerts). Ils font donc de la fusion et comme le symbolise les pochettes de leurs deux premiers disques, leur style est très varié et versatile. Pour ce troisième album, changement de décor, de son et de line-up. Tout d'abord l'arrivée de Doug Wimbish, bassiste mercenaire (ancien bassiste pour Sugar Hill Gang, James Brown, George Clinton, Tackhead et Jeff Beck), en remplacement de Muzz Skillings. Ensuite, finie les couvertures patchwork (et un peu bordélique) avec cette splendide photo avec le regard noir de Mouri Mbonika enchainée, reflétant ainsi le climat sombre et enragé de l'album, car effectivement, ce "Stain" est virulent et bien plus métal. Et ce "Stain" ne fait pas tâche dans leur discographie, bien au contraire. C'est leur album le plus musclé et il s'inscrit dans une certaine continuité par rapport à leur précédent album. Il faut dire qu'entre temps, les Rage Against The Machine sont passés par là, et ont montré la voix d'une fusion plus soutenue, plus rock. L'autre aspect qui a fait durcir ce son, c'est le climat social qui ne s'améliore guère et qu'il est temps de réagir et de lutter, comme le reflète les paroles de cet album. Musicalement, le groupe est pied au plancher avec un son percutant. La batterie est tout simplement explosive et implacable, bien plus mise en avant et elle se marie à merveille à la basse virevoltante de Doug Wimbish, qui se permet des solos et délires comme rarement j'ai entendu (l'intro de "Wall" ou sur "Ignorance is Bliss". Les riffs de guitare sont incisifs et rêches, et les solos de Vernon Reid n'ont jamais été aussi bons. La voix de Roger Glover est toujours autant puissante et bien plus harangueur, vu les propos de ses textes. Mais c'est surtout cette symbiose et cette inventivité musicale dans les variations, avec ces breaks et changements de rythmes de malade. Il suffit d'écouter "Go away" ou "Wall" pour comprendre ces changements audacieux et cette polyrythmie démoniaque. On retrouve quand même le son chaleureux des Living Colour sur "Bi", cette folie funk et hip-hop sur "WTFF", leur blues-rock écorché sur "Never Satisfied" et que dire de cette complainte soul "Nothingness" portée par un riff de basse qui bat comme un cœur vivant ses derniers instants. Mais comme indiqué plus haut, ce que l'on retient, c'est la noirceur des propos et la froideur méthodique de cette interprétation chirurgicale, un peu comme si les Living Colour venaient d'expérimenter la fusion à froid. Living est le premier groupe a avoir réussi la fusion à froid du heavy-métal avec l'incandescence du funk. Informations sur l'album:
|
Revue de mes albums chroniqués ces dernières années:
{ | 2005|2006|2007|2008|2009|2010|2011|2012|2013|2014|2015|2016|2017|2018|2019|2020|2021|2022|2023| }Découvrez également:
- Ma cédéthèque idéale: découvrez mes meilleurs albums
- Ce que j'ai écouté ces dernières années, mois par mois, émoi après émoi (et ce depuis 2005)
- Et d'autres albums paru avant 2005 qui valent le détour...
- Quelques 200 sonneries gratuites pour vos smartphones...
- Et les courtes alertes sonores pour vos smartphones
- The Millenium ProjecKt: Plus de 500 morceaux de référence, la compile des compiles
- L'infreduptible: Des compiles annuelles bien plus personnelles
- Les concerts que j'ai vu...
- Franchissez le mur du son: un mur de son fait d'images... (Enfin, si votre connexion vous le permet)