KING CRIMSON
Lizard (1970) La première ère du Roi pourpre est de loin la plus chaotique mais également la plus inventive. Il faut dire que que pour les 4 premiers albums, le line-up a changé de tout au tout, tout comme le style musical. Il faudra attendre le cinquième album pour que Robert Fripp puisse trouver enfin 2 apôtres dignes de ce nom: Bill Bruford et John Wetton et que le groupe s'inscrive dans un rock progressif polyrythmique au son condensé et métallique. Ce troisème album s'inscrit donc dans cette ambiance frénétique pour le groupe: succès, expérimentations, tournées, découvertes et surmenages, comme je l'explique dans le résumé de leur biographie du groupe, faite à partir de l'excellent livre de Sid Smith. Seul Peter Sinfield, parolier et illuminateur du groupe et Mel Collins au saxophone, apparu sur le précédent album, subsistent et accompagnent Robert Fripp dans l'écriture de cet album, qui sera ainsi très teinté de jazz et de musique classique. Ce "Lizard" est à placer à part dans la discographie du groupe, du fait de sa sonorité très singulière: celle du jazz-rock psychédélique construit sur une base très classique, comme le démontre le "Bolero" dans le morceau phare et éponyme de l'album. C'est un style jazzy un peu pachydermique, voir oppressant avec ces gros cuivres, mais également une atmosphère très aérienne avec cette construction des plus symphoniques. La première face est donc jazzy orientée rock, et la deuxième orientée classique. La sonorité de l'album est fort surprenante, à la fois intemporelle, mais également très surannée, très marquée "70". Le son du Mellotron omniprésent y est pour beaucoup ainsi que ces ajouts de folk hippie, marque de fabrique de l'époque. Il faut également inclure ces expériences paroxystiques du style progressif percuté de plein fouet par le jazz, avec cess notes de piano psychédéliques ou free-jazz de Keith Tippett qui vont et qui viennent. L'autre singularité de l'album est qu'il est le moins marqué par le jeu de guitare de Robert Fripp. "Lizard" est le règne des cuivres et du Mellotron, que Peter Sinfield et Mel Collins ont mise en avant. C'est également l'album avec le plus d'invités, dont notamment Jon Anderson du groupe YES qui vient propulser de sa voix angélique le morceau éponyme dans l'un des classiques du rock progressif. Et ce n'est pas étonnant que la reformation live moderne (avec les 3 batteurs) de King Crimson reprenne la partie centrale du morceau. Ce morceau est un pur joyau, magnifiquement construit Cet album marque, avec "Atom Heart Mother" des Pink Floyd, parus à quelques semaines d'intervalles, le début des morceaux épiques du rock progressif avec ces chansons de plus de 20 minutes: Yes, Genesis, Emerson, Lake & Palmer, Van Der Graaf Generator, Mike Oldfield s'engouffreront dans la brèche, faisant ainsi l'adjectif de "pompeux" comme la tare de ce style. Informations sur l'album:
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