A history of violence
Critique: Bang! J'ai rarement vu un film basé sur la violence si intelligent, complexe et maîtrisé. C'est la Violence filmée dans toute sa banalité, qui vous terrasse quand vous ne l'attendez pas, doublé d'un déterminisme insouciant comme on peut le voir dans certain polar bien noir. Mais là , c'est du noir ultra-sérieux, où il n'y a pas la moindre once d'humour. Et puis Cronenberg nous balance des scènes chocs: un meurtre de petite fille, une Maria Bello toute excitée qui nous dévoile sa toison brune (eh oui, c'est une fausse blonde!) et nous invite à un merveilleux 69, et des patates et pruneaux (de gros calibre) en plein poire. Les faux-semblants du polar selon CronenbergLe cinéma de Cronenberg repose sur 2 principes: celui de fusionner l'intellect et le corps humain au cÅ“ur même des machines et du progrès technique afin de donner vie à une "nouvelle chaire". L'autre principe, plus cinématographique est de tromper le spectateur. Son postulat de base est ce que vous voyez n'est pas ce que vous croyez. Et c'est le thème central de ce film.David Cronenberg entame son film dans la plus grande tradition lynchienne: une ambiance calme, quasi mortelle et ambiguë couvrant l'horreur caché derrière la porte. Il filme la Violence filmée dans toute sa banalité, qui vous terrasse quand vous ne l'attendez pas. On avait d'ailleurs pas vu depuis Carpenter une petite fille se faire exploser la tête dès les premières minutes du film. C'est audacieux, et vous met sur vos gardes pour le reste du film. Mais Cronenberg nous emmène dans un jeu dont il maîtrise parfaitement les règles. Il nous égare dans le petit bonheur quotidien de la famille Stall, avec une mise en scène désarmante de banalité avec quelques scènes de tous les jours (et une scène de sexe qui sort de l'ordinaire pour un film hollywoodien, du fait qu'il commence la scène chaude par un 69! Bref, Cronenberg nous plonge dans le réel afin que la violence vienne refrapper à la porte à grand coup de bazooka. Et là , vous verrez des patates et pruneaux (de gros calibre) en plein poire, du sang, du sexe et de la violence comme rarement on en voit au cinéma, tout en sachant que justement, cette violence est de ce qu'il y a de plus réél qu'on est vu depuis longtemps au cinéma. Le mal et ses conséquencesAu niveau du message du film, Cronenberg ne fait pas l'apologie de la violence comme certains critiques un peu superficiel l'ont dit. Non, au lieu de s'attaquer aux origines et aux causes de la violence, il s'attarde sur les effets des actes violents sur l'entourage de ses protagonistes. Il lui aurait trop facile de dire que finalement les États-Unis sont nés du génocide du peuple Indien et de l'esclavage des noirs. Non, là , il montre que la violence est fille de la violence, et que même pour faire le bien (sauver des vies), elle n'entrainera par la suite que malheur et violence! La mutation du malAu travers de ces enchevêtrements de violence, on perçoit l'autre thème majeur du cinéma de Cronenberg, celui de la mutation, la contamination de 2 genres qui ne peuvent se mélanger. Il développe dans ce film le rejet d'une greffe contre nature, et la propagation endémique d'une mutation ratée. Et c'est d'ailleurs quand le rôle principal perd le contrôle de sa mutation que le cinéma de Cronenberg est fantastique (dans tous les sens du terme!). On assiste à une explosion incontrôlée, on redécouvre les traits de Brundle-fly derrière le regard de Viggo Mortensen. Un casting presque parfaitViggo Mortensen est d'ailleurs époustouflant dans ce rôle. Il aurait mériter l'Oscar! Quant il jette un regard rempli de haine sur son fils (qui lui a pourtant sauvé la vie), on ne peut qu'être terrifié de la puissance de jeu de cet acteur. Maria Bello est quant à elle splendide et en plus, elle nous dévoile sa toison brune (eh oui, c'est une fausse blonde!) et nous invite à un merveilleux 69...Ed Harris est aussi parfait dans son rôle avec son Å“il en moins, mais nous savions déjà tous que c'était un grand. Le seul bémol vient peut-être du jeu de William Hurt qui joue un bel enculé de première. je ne l'avais jamais vu jouer de tel rôle. C'est comme si Tom Hanks jouait Hannibal Lecter... On n'y croit pas trop mais quoiqu'il en soit, ses mimiques et ses répliques sont savoureuses ("Mais comment t'as fait pour le louper!!") et un peu trop décalé par rapport à toute la tension qui était montée jusqu'ici. Pour conclure, je n'ai qu'une chose à dire, c'est tout simplement le meilleur de Cronenberg depuis fort longtemps, et l'un de mes films favoris. Extrait: bande annonce Autre(s) film(s) du réalisateur |