Les promesses de l'ombre
Critique: Alors que le cinéma de Cronenberg jouait et déjouait sur le thème de la fusion du corps et de l'esprit dans la sainte matière, "Les Promesses de l'ombre" s'inscrit dans un cinéma beaucoup plus traditionnel, et dans la lignée de son précédent "A history of Violence", dans lequel il malmène les hommes de l'ombre, ceux agissant pour le compte de la Mafia. Un jeu de faux-semblants sur la violence de l'émotionComme à son habitude, la vision du monde auquel le réalisateur canadien nous convie se base sur des apparences trompeuses. Sous l'apparat d'un film d'action froid, brutal et sanglant se cache une fusion impossible: provoquer l'émotion (au sens noble du terme) par la vue de la pure violence et de nous faire partager la violence de la pure émotion. Et on peut dire que c'est une réussite.Déjà , rien que l'introduction, avec le nouveau-né ensanglanté, respirant à peine, sauvé de justesse, on a le souffle coupé. Et Cronenberg termine par une scène d'anthologie, où l'on attend un "sommet de violence magnifique - un affrontement physique qui terrifie par sa cruauté et subjugue par sa beauté", comme le dit si bien Thomas Sotinel du Monde. Tourné à Londres, la photographie rappelle également la lourdeur et la crasse de "Spider", où David Cronenberg s'était donné à coeur joie à rendre lugubre la capitale de la perfide Albion. L'ambiance est parfaite, un peu comme si la mafia russe avait aussi importait de son climat et de sa crasse industrielle. L'expérience de ce film est un acte de pure sado-masochisme, où l'on prend plaisir à voir le mal, et avoir mal quand on ressent un soulagement. Des acteurs à fleur de peauDes sentiments contradictoires avec lesquels les acteurs jouent à merveille. Viggo Mortensen est tout simplement phénoménal, et il n'hésite pas à donner de sa personne (il joue une scène entièrement nu). Il a la classe et la ressemblance troublante d'un Ed Harris, et c'est à mes yeux la meilleure prestation d'acteur que j'ai vu cette année; il est encore plus frappant que sur le saisissant "A history of violence". Et sa composition d'acteur est la parfaite alchimie du chien dans ce jeu de quille, entre le patriarche imposant et le frénétique et dérangé fils; joué par Vincent Cassel, toujouras autant exceptionnel quand il doit jouer un dur à cuir accroc aux substances fortes. Face à ces 3 monstres, la belle Naomi Watts est encore belle à croquer, avec sa fragile beauté.Bref, Monsieur Cronenberg, Promesses tenues, vraiment, et même pire. Et c'est bien dommage que ces 2 vues du mal et de la violence n'est pas donné suite à un troisième film. Extrait: bande annonce Autre(s) film(s) du réalisateur |