Le festin nu
Critique: Après avoir obtenu la renommée mondiale pour son film d'horreur commercial "La mouche" et prouvé sa vue très clinique et pertinente des relations humaines dans "Faux-semblants" (1989), David Cronenberg a eu la totale liberté pour mettre en image l'un des romans les plus controversés du XXème siècle: "le Festin nu" de William Seward Burroughs. Le festin nu, une adaptation impossible?Å’uvre intranscriptible racontant les délires abjectes d'un junkie homosexuel, "le festin nu" a été le livre de chevet de toute une génération d'idoles rebelles (Bowie, Jagger, Warhol, Gus Van Sant, etc.), et a été longtemps censurée aux USA. Ce livre nécessite de la part du lecteur une certaine ouverture d'esprit, de tolérance et un certain goût pour les images venus d'ailleurs et de plus haut encore. Adaptation de la genèse du livre culteAdaptation ambitieuse et prétentieuse de pouvoir retranscrire l'indescriptible, David Cronenberg a contourné la difficulté en nous faisant revivre la genèse du livre, en comptant comment et pourquoi William Lee, l'alter-ego de William Burroughs, est venu à écrire ce roman longtemps censuré par les médias américains. Une Å“uvre où rien n'est vrai, tout est permisLe film est donc à la fois une Å“uvre biographique et une retranscription du roman. Le côté biographique (le meurtre accidentel de sa femme et de son exil à Tanger) s'entremêle avec les personnages et créatures délirantes de son Å“uvre. La drogue est la clé, le lien entre ces deux univers. Une implication nécessaire entre le livre et le filmEvidemment, un non connaisseur de Burroughs, ou un être n'ayant jamais discouru sur la peine et la souffrance de développer tout art, ne comprendra pas ce film, ou du moins, n'accrochera pas à ce faisceau d'images projetées sur le voile blanc de l'imagination. C'est le cinéma même de Cronenberg, celui de fusionner l'intellect et la chair au cÅ“ur même des machines et du progrès technique, afin de donner vie à une "nouvelle chaire" (thème récurrent de Cronenberg).David Cronenberg développe son cinéma un peu comme celui de David Lynch, et obéit au principes quantiques de Burroughs par rapport à l'écriture, à savoir que pour emmener son lecteur, son spectateur, il faut éliminer tout pensée rationnelle, car l'écriture (ou la caméra) est une arme, trop dangereuse pour conter la réalité... Extrait: Explications sur l'adaptation Autre(s) film(s) du réalisateur |