Le début des années 80 a été marqué par la mutation décomplexée de 2 super groupes du Rock Progressif: YES (avec leur fabuleux album "90125") et bien entendu GENESIS, qui a bien mieux géré cette gloire retrouvée et faire fi d'un passé pompeux. Il faut dire qu'avec les succès de ses deux premiers albums solo, Phil Collins emmène ses 2 compères du groupe vers un résultat qui est juste bluffant.
Nous sommes loin du Genesis des années 70 avec son rock progressif théâtrale et pompeux. "Duke" a été le portail réussi entre ses 2 univers, "Abacab" était le coup d'essai et voici que ce Genesis marque la nouvelle genèse pour le groupe: une machine taylorienne à faire des tubes.
Et ce qu'il y a de magique dans cet album est cette symbiose parfaite entre la créativité musicale et l'objectif commercial. Aucune fausse note, aucune note trop facile, trop commerciale, ni trop d'arrangements sans fin, ni queues ni têtes, cet album est un chef d'œuvre du genre, ou comment rendre le créatif lucratif et le lucratif ludique.
Même si on peut reprocher une certaine facilité (une musique simple comme un jeu de cubes) et une prise de contrôle totale de Phil Collins, l'album regorge de tubes et de morceaux de haute qualité. D'une part l'innovant "Mama", sans doute galvanisé par le succès de "In the Air tonight", avec sa rythmique lourde et angoissante, est un tube qui passe sur toutes les ondes. "That's all" fait lui aussi penser à la reprise des "Supremes" que Phil Collins a fait en solo, mais il y a quand même cette marque de fabrique reconnaissable à 1000 lieues. Comme la suite instrumentale de "Home by the sea" qui arrive à passer à la radio, prouvant que les longs morceaux peuvent être diffusés, et que le rocj progressif n'est pas mort.
Certes, même si ce Genesis (1983) marque définitivement la fin du Genesis progressif, il a quand même permis à bons nombres de jeunes mélomanes en herbe de découvrir leur passé créatif, de laisser éclore le néo-progressif (avec Marillion)
Et rien que pour cela, je les en remercie de m'avoir ouvert les oreilles et de m'avoir fait découvrir ces joyaux des années 70.